Tous les ans, c'est la même chose. Il revient, tel un fléau de Dieu, une malédiction, un châtiment qui s'abat sur ma tête. Je veux bien entendu parler de mon anniversaire.
Oui, je sais, vous allez me dire que ça fait la même chose à tout le monde, un vieux coup de vieux, le temps qui passe, et gnagnagna, mais ce n'est pas pour cette raison somme toute banale que ça m'énerve. Vieillir, mûrir, j'essaie de me faire une raison. Et puis on est tous logés à la même enseigne.
Non, moi, ce qui m'énerve, c'est quelque chose de beaucoup plus injuste, et au sujet duquel je me suis toujours sentie franchement lésée: ma date d'anniversaire. Born un 2 août. La loose intégrale.
Qui dit 2 août dit vacances. Dit chassés croisés sur l'autoroute. Dit personne à Paris pour ME fêter. Mon signe astrologique, c'est bison futé.
Déjà toute petite, je l'avais mauvaise, face à mes copines qui étaient les reines du bal en CE2. Ces crâneuses nées un 8 octobre ou un 15 avril avaient droit à leur gâteau d'anniversaire en classe, une petite chanson entonnée par les 25 camarades, et un goûter d'anniv chez elles. Ma mère se décarcassait pour leur trouver un cadeau (bon, à la fin, il y avait trop de goûters, elle recyclait des livres à moi qui n'avaient presque pas servi. Si Maman, on a fait ça avec mes Jules Verne!), et leurs mères à elles se reconvertissaient en disc-jockey de boîtes pour schtroumfettes. On faisait des concours de play-back sur "Les Bêtises" de Sabine Paturel, et une super choré sur Flashdance, ça c'était de la teuf!
Quant à moi, pauvre petite Calimérette, quand arrivait le 2 août, il n'y avait rien de tout ça. Pas de gâteau, pas de chanson, pas de goûter. Non, rien que les bouchons sur l'A6 et la canicule, et mes parents qui me faisaient des cadeaux de vacances (un livre sur la végétation de montagne à la montagne, par exemple).
Maintenant que je suis grande, je continue de recevoir le 30 août des coups de fil de soit-disant amis:"On est désolés, on était en vacances, on a oublié de t'appeler pour ton anniversaire!" Bon, on reste amis pour le principe (à la presque trentaine, je ne me vois pas invoquer ce motif pour rompre des liens de 15 ans), mais quelque chose en moi se brise immanquablement. Faux amis, va!
Encore aujourd'hui, personne n'ose m'offrir des fringues classe et hype, parce que le 2 août, en magasin il n'y a que les rossignols des vieilles soldes d'été, mais pas encore la collec de la rentrée. Heureusement que personne n'a jamais osé m'offrir des tongs en solde! Ah si, quelqu'un a osé. Camille, si tu me lis, sache qu'elles m'ont été très utiles quand même!
Ca y est, je vous ai bien fait pleurer?
Bon, en vrai maintenant, j'ai des anniversaires sympas. Ma famille et mes amis au grand complet ou presque me passent un coup de fil (et me réveillent au passage, il y a je pense une sorte de concours vicelard à qui m'appellera le premier), se creuse les méninges pour me trouver des cadeaux sympas, et me dit par là tout son amour. Mon Homme me fait un petit dîner en amoureux, bref, tout ça c'est beaucoup pour la hyène égoïste et narcissique que je suis.
Et puis j'ai réfléchi à quelque chose. On a toujours envie que la terre entière appelle pour son anniversaire, et fasse quelque chose d'original, mais qu'est-ce qu'on fait pour l'anniversaire des autres, hein? Je vous le demande un peu! Ben on note dans un agenda la date des proches en priant pour ne pas oublier de les appeler le jour dit. C'est un peu la corvée en fait. Pour calculer votre coefficient d'anniversitude, je vous conseille de compter le nombre de coups de fil que vous recevez le jour de votre anniv, et de voir si dans l'année, le nombre de coups de fil que vous passez pour souhaiter les annivs des autres est inférieur, supérieur ou égal à celui-là. Dans le premier cas, vous êtes un gros égoïste, et dans le deuxième, une poire.
Le plus injuste, c'est que l'âge avançant, on n'arrive pas à se souvenir de la date d'anniversaire des amis les plus récents. Non, à la place, on a encore en tête celle de cette petite bêcheuse qui nous snobait en dernière année de maternelle. Qu'est-elle devenue, celle-là? On n'en a pas la moindre idée, mais pour un peu, on l'appellerait bien, ça lui en boucherait un coin. Bon, ça veut surtout dire qu'avec l'âge, on s'en fout un peu de son anniversaire.
N'empêche que j'y pense toujours à monter mon comité de mécontents de leur date d'anniversaire. Il y a des causes qui méritent que l'on se batte pour elles. Les aigris du 25 décembre et 29 février, tous avec moi!